par Pauline Delgrange et Thomas Mitevoy | newsletter | n° 184 | mars 2022, édito.
Protection
Le retour dramatique des talibans au pouvoir en Afghanistan à l’été 2021 et le changement de régime
qui en a suivi a eu des impacts, au-delà des questions géopolitiques, sur l’accès à la protection interna-
tionale pour les exilés afghans. Le Commissariat Général aux Réfugiés et aux Apatrides, autorité belge
en charge du traitement des demandes de protection internationale introduites en Belgique, a adopté,
depuis mars 2022, une nouvelle ligne de conduite selon laquelle la protection subsidiaire ne serait plus
accordée aux ressortissants afghans qui verraient désormais leur demande de protection analysées
sous l’angle du statut de réfugié leur imposant dans ce cas de démontrer l’existence d’une persécution
individualisée non requise dans le cadre de la protection subsidiaire.
Or, la situation en Afghanistan justifie à plus d’un titre de rendre accessible la protection subsidiaire aux
demandeurs de protection afghans. Pauline Delgrange et Thomas Mitevoy, avocats spécialisés en droit
de la protection internationale, nous l’expliquent, à l’appui des instruments européens tels que la Directive
Qualification – qui harmonise les conditions d’accès à la protection internationale, en ce compris la pro-
tection subsidiaire, en Europe – et de la jurisprudence européenne développée par la Cour européenne
des Droits de l’Homme dans des situations analogues à celles prévalant actuellement en Afghanistan.
La présente contribution, au-delà d’offrir un soutien aux travailleurs de terrain qui défendent les droits
des demandeurs de protection afghans, se veut de conscientiser sur la situation humanitaire actuelle
en Afghanistan et d’apporter un éclairage critique sur la gestion des dossiers afghans par les autorités
belges de l’asile.